Des « poêles à tricoter » à l’école maternelle

Même si la chanson dit que Charlemagne a inventé l’école, avant le 19ème siècle on s’occupait peu, ou pas du tout, de l’éducation des enfants en bas âge, c’est-à-dire des moins de 6 ans. La forte mortalité infantile voulait qu’on ne s’y attache pas trop… L’école, souvent confessionnelle, était ouverte aux plus riches à partir de 6 ou 7 ans… et aux seuls garçons !

Et c’est bien l’école primaire que les lois Ferry rendent en 1882, gratuite, laïque et obligatoire de 6 à 13 ans.

La première initiative structurée pour s’occuper des plus petits est due au pasteur protestant Jean-Frédéric Oberlin, et elle naît dans les Vosges.

Il se soucie des enfants de moins de 6 ans livrés à eux-mêmes toute la journée, car ils n’ont pas encore l’âge d’aller aux champs ou d’aider à la maison. Les mères de familles sont trop occupées à assurer leur dure vie pour avoir le temps de les élever.

Il réunit des tout-petits dans son presbytère, autour d’un poêle qui apporte une chaleur bienfaisante ; il part du principe que pour avoir une vie spirituelle, il faut d’abord bénéficier de conditions matérielles correctes. Les premiers écoliers de maternelle vont d’abord « apprendre » à tricoter, à filer, à coudre, proprement et sans se quereller ! Voilà pourquoi ces premières écoles s’appelaient des « poêles à tricoter ». Sa recette était déjà la bonne : réunir des enfants d’une même tranche d’âge, leur offrir un cadre d’apprentissage agréable et leur proposer une activité pédagogique, sous un regard bienveillant. Oberlin est aussi considéré comme l’un des précurseurs des écoles alternatives comme Freinet ou Montessori. Les premières « maîtresses » portent le joli nom de « conductrices de la tendre enfance »…

D’autres initiatives vont naître au tout début du 19ème siècle, souvent menées par des femmes riches et charitables. Des lieux baptisés « salles d’asile » se construisent un peu partout en France. D’abord simples lieux de garde, elles adoptent progressivement un programme pédagogique qui vise à inculquer aux enfants des règles morales, tout en leur donnant les rudiments de lecture, d’écriture et de calcul.

En 1881-82, on dénombre 644.000 enfants dans plus de 5.000 salles d’asile ; c’est le décret du 2 août 1881 qui leur donnera le nom « d’écoles maternelles ».


Ressources bibliographiques :

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