Les réseaux sociaux, une plateforme pour la dépression ?
L’utilisation des médias sociaux a été, dans des études transversales, associée à une baisse de la sensation de bien-être et à des niveaux plus élevés d’anxiété, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Mais cette interprétation est peut-être biaisée, le recours aux réseaux sociaux pouvant être plus important chez les sujets déjà dépressifs.
Un travail a été mené afin de mieux caractériser l’association entre utilisation individuelle auto-rapportée de diverses plateformes de réseaux sociaux et aggravation d’une symptomatologie dépressive chez les adultes. Il a reposé sur les données enregistrées lors de 13 vagues d’une enquête Internet menée environ tous les mois entre mai 2020 et mai 2021 auprès de personnes âgées de 18 ans et plus aux États-Unis. Les données ont été analysées en juillet et août 2021. Chaque participant a rempli, par ailleurs, un questionnaire de santé à 9 items (PHQ-9) renseignant sur de possibles tendances dépressives. L’étude s’est focalisée sur l’utilisation de 8 plateformes : Facebook, Instagram, LinkedIn, Pinterest, TikTok, Twitter, Snapchat et Youtube.
Chez les adultes comme chez les ados
Il ressort de cette étude que l’utilisation de certains réseaux sociaux, notamment Snapchat et Facebook, sont associés à un niveau plus élevé de symptomatologie dépressive. A l’exception de Snapchat, cette association ne peut être liée au recours à d’autres sources d’information. Bien qu’un lien de causalité ne puisse être affirmé, se trouve donc confirmée l’existence d’une association entre risque de symptomatologie dépressive et utilisation de certains médias sociaux. Ces résultats rejoignent ceux d’enquêtes transversales qui avaient déjà mis en évidence, chez les adolescents, une association possible entre réseaux sociaux et dépression. Ils sont aussi en concordance avec 2 études longitudinales mais avec un faible suivi. Point notable, il apparaît dans ce travail que l’association n’est pas limitée aux seuls adolescents et adultes jeunes, TikTok et Snapchat ayant même un impact plus fort chez les individus de plus de 35 ans. Des limites à cette étude doivent être mentionnées. Il a pu exister des facteurs confondants non pris en compte. Il est surtout possible que l’utilisation des médias ne soit, en elle-même, qu’un marqueur de dépression sous-jacente. Enfin, ce point pourrait être important, ces résultats ont été obtenus en période de pandémie COVID.
En conclusion, il ressort de ce travail prospectif, mené auprès d’adultes US, qu’une association existe entre utilisation de médias sociaux et probabilité de survenue ultérieure de troubles dépressifs. Ces résultats rejoignent ceux d’études antérieures, transversales mais aussi longitudinales. Des investigations ultérieures restent nécessaires pour mieux définir les relations entre utilisation des réseaux sociaux et santé mentale.
RÉFÉRENCE
Perlis RH et coll. Association Between Social Media Use and Self-reported Symptoms of Depression in US Adults. JAMA Netw open. 2021, 4(11). E : 2136113. doi:10.1001/jamanetworkopen.2021.36113