PSFP Histoire et concepts

https://strengtheningfamiliesprogram.org

KAROL KUMPFER

 

Strengthening Family Program, ou SFP, a été créé par le Dr Karol Kumpfer, psychologue et professeure émérite en éducation et promotion de la santé à l’université de Salt Lake City (Utah). PSFP en est la version française. Karol Kumpfer a élaboré ce programme sur demande et grâce à une subvention de l’Institut National contre l’Abus de Drogues (NIDA), en ciblant les familles souffrant de conduites addictives, et ayant des enfants de 6 à 11 ans. L’objectif de cette subvention était d’identifier les compétences parentales les plus importantes pour protéger les enfants de conduites problématiques.

 

Le programme a démontré par la suite son intérêt et son impact dans toutes les familles, de celles qui se posent des questions, à celles dont les difficultés sont avérées. Et il a démontré qu’il avait des bénéfices pour les enfants, mais aussi les parents.

 

Plus largement, les intenses recherches universitaires de Karol Kumpfer dans le champ de la promotion de la santé et de la prévention des addictions l’ont conduite à des responsabilités nationales, comme la direction du comité d’experts de l’UNODC (United Nations Office of Drugs and Crime).

Américaine attachée à ses origines indiennes (Pawnee), elle a soutenu de nombreuses initiatives de sa communauté d’origine.

L’essentiel de ses travaux porte sur :

 

  • les caractéristiques des programmes de prévention efficaces :
    • multi-cibles (enfants, parents, communauté élargie : ce qui augmente l’impact d’orientations partagées par de nombreux acteurs)
    • interactifs (qui ne se contentent pas de donner des informations)
    • de longue durée (on ne modifie pas une attitude éducative en deux heures d’intervention)
    • évalués par des chercheurs indépendants (qui n’ont pas l’objectif « caché » de faire valoir le programme qu’ils sont créé)

 

  • l’influence capitale des facteurs de protection familiaux vis-à-vis des comportements à risques des enfants et des adolescents, particulièrement sur leurs tendances à consommer des produits psychoactifs.
    • attention positive à l’enfant,
    • soutien au plan émotionnel
    • attention parentale régulière
    • schémas éducatifs explicites, cohérents et stables
    • transmission de valeurs familiales prosociales
    • supervision et limites claires

 

  • Et ces facteurs de protection se sont révélés tout aussi importants dans le développement de l’estime de soi des enfants, leur capacité à se faire des amis, leurs résultats scolaires.

SFP 6-11 ans est la première version du programme, élaborée en 1983. La première recherche[1] de Karol Kumpfer a porté sur une population de 8.511 jeunes pour déterminer avec eux quelles étaient les qualités de l’environnement parental les plus propices à favoriser leur développement et à les protéger de comportements problématiques. C’est aussi à l’occasion de la création et de la mise en place du programme qu’elle a pu tester et mesurer l’efficacité du programme en trois temps : parents/enfants/familles, par rapport à une version qui s’adresse aux parents seuls ou aux enfants seuls.

 

Initialement dédié aux familles à risque, son indication s’élargit  en prévention sélective et universelle, et bénéficie dès 1990 d’adaptations internes aux Etats-Unis, vers les populations amérindiennes, africaines, hispaniques, asiatiques.

L’Australie l’adapte et l’adopte en 1996, puis sa diffusion mondiale s’accroît après la parution de deux revues « Cochrane »[2] de 2003 et 2006 qui identifient SFP comme efficace dans la prévention d’alcool et autres substances psychoactives.

SFP 6-11 reste la version la plus évaluée et montre les résultats les plus significatifs sur l’amélioration de la résilience familiale, de la communication intrafamiliale, de l’efficacité parentale et de la parentalité positive.

 

SFP 12-16 est l’adaptation pour les adolescents créée en 2004, préconisée en prévention sélective ou indiquée, à la charnière régulière des débuts de consommation de produits psychoactifs chez les jeunes. Elle donne ses résultats les plus significatifs dans la réduction des consommations alcool-drogues des parents.

 

SFP 3-6 est l’adaptation pour les jeunes enfants réalisée en 2006, préconisée en prévention universelle et sélective. Elle est ardemment réclamée par les parents soucieux de mettre en place au plus tôt des pratiques parentales efficaces.

 

[1] Kumpfer.K, Alvarado.R, Whiteside.H. Family-Based Interve.ntions for Substance Use and Misuse Prevention. Substance Use and Misuse. Vol 38, Nos 11-13, pp 1759-1787, 2003.

[2] Foxcroft DR, Tsertsvadze A. Universal family-based prevention programs for alcohol misuse in young people. Cochrane Database of Systematic Reviews. 2011;(9):CD009308

 

CONCEPTS

 

Plusieurs théories complémentaires ont servi de socle à la construction de SFP ; elles font partie de la formation des animateurs et éclairent l’animation des sessions.

 

  • Modèle écosystémique de Urie Brofenbrenner ; il permet d’envisager la famille au sein de toutes les influences, internes et externes, qui agissent sur son développement. En prendre conscience aide les parents à prendre du recul et se détacher de celles qui leur conviennent le moins ; cela les aide aussi à se déculpabiliser.

 

  • Approche humaniste de Carl Rogers ; elle est centrée sur le respect d’autrui, sa capacité à s’auto-déterminer et à évoluer. L’approche de SFP est attentive aux valeurs propres à chaque famille et à leurs réussites. Elle n’impose pas un modèle et ne formate pas les parents

 

  • Apprentissage social d’Albert Bandura ; il mise sur la force du groupe et de la modélisation pour faciliter l’acquisition de nouveaux comportements. Il aide aussi les parents à trouver leurs solutions en échangeant avec d’autres parents qui se posent les mêmes questions.

 

  • Auto-efficacité d’Albert Bandura ; il s’agit de la croyance en sa capacité d’agir et de réussir : elle implique l’encouragement de l’environnement. Montrer aux parents découragés ce qu’ils ont réussi les aide à aller plus loin.

 

  • Résilience ; elle traduit la vertu de chaque individu à changer et évoluer, elle peut être encouragée par un environnement bienveillant et promoteur.

 

  • Promotion de la santé mentale ; elle s’attache aux déterminants de santé en identifiant et renforçant les facteurs de protection de la santé globale et de la santé mentale. Les pratiques parentales sont considérés comme un de ces facteurs de protection.
illustration bloc

PSFP en France

 

Santé publique France a confié en 2011 l’adaptation de SFP 6-11 ans au Dr Corinne Roehrig, au sein du Comité Départemental d’Éducation pour la Santé des Alpes Maritimes (CODES 06). L’adaptation culturelle et contextuelle et la validation de la version française ont  nécessité plusieurs étapes.

 

L’intitulé français a été choisi par les familles des deux premières étapes.

  • 2011-2012 : étude d’acceptabilité et de faisabilité
  • 2013-2015 : finalisation de l’adaptation en quartiers politique de la ville
  • 2015 : début du déploiement national
  • 2017-2019 : évaluation d’efficacité menée par Santé publique France sur 19 sites
  • 2018-2020 : adaptation de la version pour les familles avec enfants de 3 à 6 ans

 

Le nom « PSFP » a été choisi par les 38 premières familles bénéficiaires du programme dans les 3 villes de Mouans Sartoux, Grasse et Carros, dans le département des Alpes Maritimes. Elles ont ainsi voulu témoigner de leur propre observation des effets du programme. Il a retenti tout d’abord sur l’ambiance familiale, qui s’est apaisée, améliorée. Et c’est dans un second temps qu’elles se sont aperçues que c’était grâce à la modification de leur exercice de la parentalité que ces bénéfices étaient obtenus.

 

PSFP est aujourd’hui implanté dans une quarantaine de sites et 8 régions françaises, métropolitaines et outremer. Une vingtaine de sites et deux nouvelles régions devraient prochainement accroître notre réseau de partenaires et d’acteurs.